Arrivée de Bulvaï

Alors que Fougères venait de tomber sous les assauts françois, les armées se réorganisaient ce qui laissait un peu de temps aux soldats qui avaient quartier libre pour quelques jours. Assis dans le campement sous les murs de la ville, missive en mains, l'écuyer avait lut et relut l'invitation de l'assistant du maitre d'armes des chevaliers de la Licorne, Il n'était qu'un écuyer et c'était pour lui grand honneur que de pouvoir passer la porte d'une académie militaire aussi remercia t-il silencieusement Enguerrand de Lazare de ce geste à son égard. Il scella sa monture, prit ses armes puis passa sa cape frappée de la Licorne d'argent, il avertit ses frères d'armes, notamment son chef de section qu'il serait absent quelques jours puis il prit la direction de Saint Julien le pèlerin.

La route fut rapidement parcourue, il ne croisa guère de monde, c'était un peu comme si chaque voyageur n'osait plus prendre la route ou comme s'ils avaient intégré des armées pour défendre leur duché en guerre. Bulvaï avait juré fidélité au Roy, à l'ordre de la Licorne, l'essentiel pour lui était d'être avec ses frères sur le champ de bataille, la culture, l'élevage et même la politique n'était pas pour lui. Il se demandait si ce n'était pas son héritage qui enfouit et inconnu ressurgissait maintenant lorsqu'il arriva en vue du château. Il s'arrêta et regarda les murs et les tours avant de s'approcher au pas en direction du pont levis. Il descendit de cheval et parla à haute voix à l'attention du garde qui prudent ne manquerait pas de rester caché mais d'être tout de même à son poste.

Hola ! bien le bonjour, je me nomme Bulvaï, écuyer des chevaliers de la Licorne, Messire Enguerrand de Lazare m'a proposé de le retrouver icelieu.

Scrutant les ouvertures où il pourrait voir la tête d'un garde, il attendit une réponse, voir le pont levis se baisser et la herse se lever.

Sénéchal Messages : 671 Date d'inscription : 02/08/2007

Une arrivée. Grognements dans la salle de garde surplombant le pont levis. Une face rubiconde se plaça devant une des meurtrières permettant de voir qui se présentait à la porte, sans risquer en contrepartie quelque flèche ou carreau mal placé.

Dame! Encore un licorneux. Pas moyen d'rester ainsi tranquille à piquer un roupillon bien mérité. Bon faut que j'm'active, sinon l'seigneur va encore trouver à r'dire sur ma façon d'garder ces accès.

Raclement de gorge, digne d'un tremblement de terre dégageant toutes sortes de substances gargouillantes enfouies dessous la terre, puis d'une voix légèrement pâteuse, mais empreinte tout de même d'une forme de civilité.

Messire l'chevalier ou l'ecuyer, jsais jamais, l'seigneur m'avait prév'nu d'votre possible arrivée. Doit trainer quelque part dans l'château, j'vais l'faire app'ler, si vous voulez ben attendre un instant.

Raclement, bruits de pas. Une porte s'ouvre à l'étage.

FANCHOOOOOOON!!! Va donc prév'nir l'seigneur qu'y un d'ses frères d'la licorne qu'arrive. File, dont, bougre de feignasse, plutôt que te t'empiffrer comme d'habitude.

Le délicat gardien, laissant la sa non moins délicate épouse, entreprit de descendre les marches en colimaçon menant à la salle de guet du rez de chaussée.
Nouveaux grognements.
Grincements métalliques d'une lourde chaine tournant sur un essieux de bois. Poulies rentrant en action. De quoi réveiller toute une maisonnée endormie, à coup sur.
Dans un vacarme assourdissant, le pont levis descendit de sa position haute, pour dégager l'accès à la demeure. La herse, quelques instants plus tard, et après nombre de nouveaux grognements, se leva lentement, dégageant l'entrée du château.

Pendant ce temps, le seigneur des lieux avait été promptement averti et c'est sans prendre le soin de se changer, vêtu d'une chemise de toile simple, une paire de bottes de cuir et de chausses en tissu épais, parfaitement adaptés pour les travaux manuels auxquels il s'adonnait, qu'il se dépêcha vers la porte d'entrée pour y accueillir son frère licorneux.

Frère Bulvaï. Quelle plaisir de te voir icelieu. As tu fais bon voyage? Entre donc, viens que je te fasse faire le tour des lieux.

Bras largement ouverts, sourire sur le visage, il attendait que son frère passe la poterne pour le guider dans les lieux.

Bulvaï attendit un instant avant qu'un garde ne vienne l'informer par une meurtrière qu'il était attendu par le maistre des lieux et qu'on allait le faire prévenir. Les paroles du garde surprirent l'écuyer : il était attendu par le seigneur Enguerrand de Lazare ... lui un simple écuyer. Enguerrand était chevalier de la Licorne, son frère lorsqu'ils se croisaient à Ryes, mais en son domaine il était seigneur, noble, Bulvaï ne restait qu'un écuyer. Savoir que le seigneur avait donné instructions pour son arrivée le toucha. Tout en attendant l'arrivée du maistre des lieux, son regard parcouru le château, les éléments de défense, les remparts, les tours d'angle, les échauguettes, puis il observa l'environnement, le village, les bois, les champs, l'horizon. Il ne connaissait pas cette région, il avait d'ailleurs du demander son chemin dans les auberges et les relais où il s'était arrêté, il se demanda quelle était la situation dans cette région, est ce que les routes étaient dangereuses ? est ce que les brigands sévissaient aussi en bande comme dans certains autres comtés ? L'écuyer avait déjà vécu cette expérience alors qu'il était conseiller ducal en Orléans et les raids des nobles armés avaient été fort utile pour ramener la paix dans le duché. Il était plongé dans sa réflexion lorsqu'un grand bruit se fit entendre : le grincement des chaines libérées qui permettait au pont levis de s'abaisser, puis la herse qui se levait. Il prit son cheval par les rênes puis s'avança sur le pont levis à la rencontre de son frère licorneux qui venait à sa rencontre.

Frère Bulvaï. Quelle plaisir de te voir icelieu. As tu fais bon voyage? Entre donc, viens que je te fasse faire le tour des lieux.

Frère Maistre, c'est un plaisir que d'estre venu, je ne pouvais refuser ton invitation j'ai tellement de choses à apprendre à découvrir pour estre un bon écuyer, je te remercie donc.

Passé la poterne, l'écuyer leva la tête et regarda le château de l'intérieur

Oui je veux bien visiter ton domaine, je ne doute pas que les défenses aient été arrangées à ta façon, ce sera très instructif, mais avant toute chose, pourrais tu m'indiquer les écuries, ma monture a besoin de repos.

Sénéchal Messages : 671 Date d'inscription : 02/08/2007

Bulvaï face à lui, il lui donna une fraternelle étreinte en guise d'accueil. Se reculant d'un pas, il sourit légèrement en voyant l'écuyer laisser filer son regard en tous sens.

Frère...Laisse ta monture à ce phénomène de gardien qu'est mon vieux et fort souvent aviné Martial. Il saura la mener aux écuries pendant que je te ferai faire le tour de la demeure.
Ha et je t'en supplie, pas de maistre, je n'en suis point, ni à la licorne ni ici. Contentons nous de nous tutoyer et de nous appeler frères, cela sera bien moins ampoulé, et bien plus propice à la discussion.

Un fin sourire refit son apparition sur le visage de l'errant, puis, appelant d'un geste ledit Martial.

Prends moi donc cette monture et enmène la aux écuries. Tâche de la bichonner au mieux, sans quoi il t'en coutera mon bon!

Un geste de la main en direction du corps principal de l'académie.

Frère, si tu le souhaites, je peux te faire visiter les lieux dès à présent. Nous sommes ici dans la cour de l'académie, jouxtant le château de Saint Julien, et c'est dans ce bâtiment que sont stockés toutes les archives des enseignements et les documents intéressants.

Sur ordre de l'errant, Martial approcha et prit les rênes de la monture de Bulvaï et amena le cheval à l'écurie. L'écuyer se sentit un peu plus à l'aise, il faisait un temps magnifique, une petite brise apportait un peu de fraicheur. Enguerrand l'avait étreint en guise d'acceuil, puis lui avait demandé de ne plus l'appeler "Maistre" ce qui avait un peu surpris l'écuyer.

Mais frère, tu es assistant au maitre d'armes à Ryes, il est logique que les écuyers t'appellent maitre en respect vis à vis de ta fonction, du moins c'est ce qu'il me semble. Mais je te l'accorde, il est vrai qu'un simple "frère" est plus propice à une discussion simple entre frères

Bulvaï sourit, l'errant avait raison, cependant l'écuyer éprouvait respect pour cet homme dont il sentait qu'il pourrait lui apprendre moult choses, d'ailleurs il avait oui dire en Ryes qu'Enguerrand avait des connaissances en artillerie et c'était quelque chose de tout à fait nouveau pour l'écuyer, cela faisait un vacarme assourdissant, c'était puissant, et bien qu'il pensait que ce n'était pas une façon chevaleresque de se battre, il n'en fallait pas pour autant l'écarter, se battre parfois avec les mêmes armes que ces ennemis peut permettre d'équilibrer la balance.

Enguerrand lui montra les bâtiment depuis la cour, notamment le corps principal de l'académie.

Si je comprends bien frère, le château est tien et tu as créer une académie militaire en tes murs ? Il le regarda avec un sourire jusqu'au oreilles. Je savais bien que tu étais maistre !!! Puis redevenant un peu plus sérieux. Dis moi frère, suis-je digne de ton enseignement ? voudras tu m'enseigner l'art de la guerre ?